Front de la Guerre Civile. Secteur d’Eibar.

La place Unzaga, symbole de la II République

La place Unzaga, symbole de la II République
Place Unzaga. Près de la façade principale de la mairie.

À l’aube du 14 avril 1931, la place Unzaga vécut un événement historique : Eibar était en effet la première ville d’Espagne à proclamer la II République, qui signifia beaucoup plus que la chute de la monarchie. Pour beaucoup, c’était en effet le début d’une période d’espérance, d’une vie digne en liberté. Le drapeau tricolore fut hissé sur le balcon central de la mairie alors que les habitants fêtaient leur passage de sujets à citoyens. Quelques jours plus tard, Eibar recevait le titre de Ville et se convertissait en symbole des libertés et du progrès.

Durant toute la journée du 5 octobre 1934, pendant la Révolution d’octobre 34, Eibar fut le théâtre des révoltes les plus intenses, car la gauche voyait l’esprit de la République menacé par le gouvernement de droite. On dénombra à la fin de la journée sept victimes mortelles. La mairie fut tout au long de la journée le principal centre de commandement des révolutionnaires puis, après l’échec du mouvement, ses dépendances furent utilisées comme prison et centre de torture jusqu’au transfert des prisonniers à la prison provinciale de Pampelune.

L’Armée défile sur la route près du quiosque d’Unzaga le 21 octobre 1934. © Archives Municipales d’Eibar. Fonds : Castrillo Ortuoste.

Pendant la guerre civile, sur le front du mont Akondia, à peine quatre-vingt mètres séparaient les opposants des deux tranchées et pendant sept mois, les combats pour conquérir des positions comme Arrate, Kalamua, Urko, Akondia, etc. furent féroces. Dans le Centre d’Interprétation de la Guerre Civile à Eibar, il est possible d’en apprendre davantage sur la résistance des gudaris (soldats basques) et des miliciens pour empêcher l’avancée des insurgés.

Quand les troupes insurgées venant d’Elgeta, tombée le 24 avril, arrivent à Unzaga, le 26 avril 1937, elles tirent comme prévention depuis la route alors dénommée « route d’Elgeta » sur la mairie, comme on peut l’observer sur sa façade. Déjà pendant la révolution de 1934, l’immeuble avait été la cible des coups de feu des forces de sécurité depuis l’angle de la rue Calbetón. C’est pourquoi on observe sur la façade de la mairie les impacts obliques de 1934 et les impacts frontaux de 1937.

Le jour de la chute d’Eibar, la mairie et sa place se convertirent en symbole de la victoire. Ce qui en 1931 avait été une fête où participa toute la population d’Eibar se convertit en 1936 en une image de destruction et de terreur sous la force des armes. C’était la fin du rêve de liberté, le passage de l’espérance à la tragédie et à la dictature. Après la guerre, des temps très durs commencèrent. Le premier conseil municipal sous la dictature, formé principalement de carlistes et de phalangistes d’Eibar, demanda qu’Eibar soit dépossédée du titre de Ville pour redevenir Cité. La dénomination de Ville ne lui fut restituée qu’en 1982, lors de la première législature municipale démocratique, après la mort du dictateur. 

Le siège du Commissariat à l’Ordre Public du Conseil de Défense d’Eibar se trouvait au premier étage du nº3 de la place Unzaga. Dessous se trouvait l’un des abris de la ville, siège aujourd’hui du club gastronomique Kerizpe. © Archives Municipales d’Eibar. Auteur : Indalecio Ojanguren.
Le général Mola, avec une gabardine blanche, sur la place Unzaga plusieurs heures après la conquête d’Eibar, devant une mairie dévastée et occupée par les forces insurgées. © Photothèque Kutxa. Donostia-San Sebastián. Auteur : Pascual Marín.
Mola et Franco sur la place Unzaga après la chute de la ville. On observe derrière eux les arcades latérales de la place renforcées avec des sacs de sable pour se protéger des bombardements. © Archives Municipales d’Eibar. Fonds de Chantiers et Urbanisme. Photo Pascual Marín.
Place Unzaga. On voit le quiosque à musique et tous les alentours de Txaltxazelai dévastés. © Archives du Nationalisme Basque. Fondation Sabino Arana.

Nous nous dirigerons maintenant à l’église San Andrés, l’édification la plus ancienne d’Eibar.  

Image principale :
Proclamation de la République sur la place Unzaga le 14 avril 1931. © Archives Municipales d’Eibar. Fonds : Castrillo Ortuoste.

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